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Le sommeil contribue à la santé mentale, il devrait être davantage prescrit comme mesure de prévention

Le sommeil contribue activement à notre santé mentale. Un livre de deux docteurs de Lausanne et une étude zurichoise appuient la thèorie « Dormir pour se souvenir et dormir pour oublier »: Le sommeil n’aide pas seulement à consolider la mémoire. Il favorise aussi l’évacuation des éléments affectifs négatifs liés à un souvenir.

 

Par Dr phil Alfred Künzler, Réseau Santé Psychique Suisse

 

Nous passons une grande partie de notre vie à dormir. Que se passe-t-il dans notre cerveau lorsque nous dormons ? Les fonctions précises du sommeil et les processus physiologiques qui les assurent ne sont pas encore parfaitement connus. C’est pourquoi la recherche actuelle s’y intéresse de près. Nous savons toutefois de manière certaine que le calme apparent des personnes pendant le sommeil est trompeur. Le cerveau est en effet le théâtre de multiples processus lorsque l’on dort. Et certains de ces processus peuvent avoir un effet protecteur et contribuer à la santé mentale.

 

Le sommeil favorise la rétentivité

D’abord, le sommeil est important pour l’assimilation des événements de la journée : pendant le sommeil, les contenus de la mémoire sont réactivés et consolidés. Plusieurs études fascinantes ont démontré que dormir après avoir appris quelque chose de nouveau aiderait à s’en souvenir, plutôt que si l’on reste éveillé. Et ce constat se vérifie encore des années plus tard. Nous pouvons ainsi retenir de manière particulièrement efficace des informations spécifiques et inédites en les mémorisant avant de dormir. Le sommeil permet également l’intégration de nouvelles connaissances et de nouveaux contenus mémoriels au sein de réseaux existants, ce qui peut aussi contribuer à un effet protecteur.

 

Oublier le négatif pendant le sommeil (régulation des émotions)

Outre la consolidation et l’intégration de nouveaux souvenirs, les travaux de recherche ont aussi révélé que le sommeil participait à une élimination des contenus affectifs négatifs. Ce sont des processus qui éliminent l’enveloppe affective liée à un souvenir ou à un contenu affectif. C’est principalement le sommeil paradoxal qui intervient ici, donc la phase de sommeil où l’on peut observer de rapides mouvements incontrôlés du globe oculaire sous les paupières fermées. Le sommeil paradoxal diffère des autres phases à plusieurs titres. Les personnes que l’on réveille pendant cette phase pour des expériences se souviennent notamment de leurs rêves. Là encore, le lien avec la santé mentale est évident : le sommeil, et plus particulièrement le sommeil paradoxal, participe à la gestion du stress et des impressions et expériences émotionnelles négatives.

 

Renforcement des défenses immunitaires

Le sommeil assure de multiples fonctions protectrices. Nous en avons déjà abordé deux : la consolidation des souvenirs et la régulation des émotions. On peut citer également le renforcement physiologique du système immunitaire. En effet, de très nombreuses substances immunoactives sont éliminées la nuit. Dormir beaucoup permet donc aussi de renforcer les défenses immunitaires. L’homme moderne, potentiellement stressé, a tendance à dormir de moins en moins longtemps, alors qu’il faudrait tout le contraire ! La cure de sommeil devrait être activement prescrite aux personnes à risque, comme les secouristes, qui sont souvent confrontés à des situations stressantes et à des événements traumatisants, pour atténuer les effets négatifs sur leur mental.

 

Le troisième pilier pour un mode de vie sain

Les troubles du sommeil sont des phénomènes fréquents. Les études montrent clairement un impact majeur sur la qualité de vie et sur le bon fonctionnement de notre organisme, en particulier du cerveau. En conséquence, nous devons considérer le fait d’avoir un bon sommeil comme l’un des trois piliers d’un mode de vie sain (avec une nutrition équilibrée et un exercice régulier).

 

L’American Academy of Sleep Medicine préconise aux adultes de dormir régulièrement sept heures ou plus par nuit pour favoriser une santé optimale. Dans cette recommandation est établit un lien entre les durées de sommeil réduites et l’hypertension artérielle, les maladies cardiaques, l’AVC et les dépressions. Il est donc très important d’avoir un sommeil reposant pour rester en bonne santé mentale et physique, pour la régénération mais aussi pour notre bien-être.

 

 

 

Ce texte présente des extraits d'articles de José Haba-Rubio et Birgit Kleim, publiés dans Psychoscope 3/2018, avec l'aimable autorisation de la FSP. www.psychologie.ch/psychoscope