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Maternité dans la précarité: témoignage d’une sage-femme indépendante

La mission de la sage-femme à domicile auprès des familles est assez bien identifiée, mais bon nombre d’habitudes professionnelles peuvent être remises en question au contact de femmes fragilisées par leurs parcours et leurs conditions de vie précaires. Fanny Perret du Cercle qualité «Suivis complexes» de l’Arcade sage-femme à Genève, relève les incompréhensions qui peuvent apparaître au sein de la pratique et met en lumière le travail important, mais aussi les difficultés rencontrées par les sages-femmes indépendantes dans les situations complexes.

 

Par la fédération suisse des sages-femmes

 

Face à de jeunes mères manquant de tout, souvent seules, ne maîtrisant parfois pas le français, quantité de pratiques courantes dans le suivi post-partum perdent leur sens. La sage-femme amenée à prendre en charge ces personnes, peut se sentir déstabilisée voire «dépassée» par l’émergence de problématiques qu’elle ne maîtrise pas, contrainte d’évoluer dans un contexte professionnel pour lequel elle n’a pas été formée.

 

Des tâches inhabituelles mais nécessaires

En se rendant au domicile des familles les plus vulnérabilisées, les sages-femmes sont sollicitées pour accompagner les parents dans des tâches qui ne sont plus en lien direct avec ce qui fait l’essence de la profession. Les suites obstétricales sont, la plupart du temps, assez simples, alors que les suivis s’étendent dans le temps. Preuve, s’il en faut, de l’importance du lien et d’une présence stable auprès des familles en situation précaire lors de la naissance d’un enfant.

 

Traduction de courrier, lettre de soutien pour un logement, pour une place en crèche ou encore récolte en urgence de matériel pour le bébé sont quelques exemples d’actions entreprises par les sages-femmes à domicile. Ces démarches, qui ne devraient peut-être pas incomber aux sages-femmes, se révèlent pourtant indispensables.

 

A l’inverse, insister auprès de parents migrants sur la manière de donner un bain au nouveau-né ou sur les positions d’allaitement peut se montrer contre-productif. En effet, comme le décrit Marie Rose Moro, pédopsychiatre et spécialiste en psychiatrie transculturelle, dans une interview:

 

«Une maman migrante qui a déjà eu plusieurs enfants et à qui on explique comment elle doit laver et nourrir son bébé se sentira nécessairement remise en cause. La posture des professionnels qui donnent des leçons fragilise les parents migrants et les fait douter de leurs compétences» (Gravillon, 2014)

 

La suite de l’article de Fanny Perret peut être lue sous ce lien dans le No 4/2018 de la revue «Sage-femme.ch».